Saarlouis

Une ville neuve de Vauban et de Choisy

Située le long de la Sarre, affluent de la Moselle, la délimitation parcellaire de la ville de Saarlouis débute dès le mois de janvier 1680, suite aux premières reconnaissances effectuées par Thomas de Choisy en 1679. La création de cette ville s’inscrit dans les projets pour la frontière nord-est de la France, entre l’Alsace et le Luxembourg. Les sites de Vaudrevange et de Sarrebruck n’étant pas aptes à être fortifié correctement, Choisy repère le site de Saarlouis, en tant que seule zone plate le long de la Sarre, encaissée ailleurs. Choisy conçoit rapidement une ville orthogonale et hexagonale, sur la rive droite. Pour verrouiller le cours de la rivière et protéger la ville d’une colline proche, il prévoit un ouvrage à corne. Il fait le choix d’un système de port-écluse pour provoquer l’inondation des terrains et des fossés alentours.
Vauban valide le projet de Choisy et se limite à quelques modifications : le front côté Sarre est étiré et doté d’une braye, un bassin défensif est ajouté dans l’ouvrage à corne et il met en place un système d’inondations défensives. La ville ainsi édifiée est dotée de six bastions à orillons, cinq demi-lunes et cinq tenailles. Un chemin couvert doté de traverses et une contrescarpe maçonnée protègent l’extérieur. L’ouvrage à corne est composé d’un bassin central inondable par une vanne et de deux demi-bastions avec une demi-lune, dotés du même équipement avancé. Le système d’inondations défensives est commandé par un pont-écluse sur la Sarre, entre la porte principale de la ville et l’ouvrage à corne.
à l’intérieur, la trame urbaine en damier s’organise autour d’une place d’armes rectangulaire centrale dotée d’une fontaine et bordée par l’hôtel du gouverneur, l’église, la maison du commandant de place et la mairie. Huit casernes sont déployées le long des courtines, sauf sur les deux fronts de l’est, oů elles sont disposées le long des rues. C’est dans cette zone que se trouve l’arsenal de la ville. Trois bastions possèdent un magasin à poudre. Un canal relie Saarlouis au village voisin. Les chantiers sont achevés vers 1683 et la ville est habitée par les anciens habitants des villages environnants, provoquant la disparition de ceux-ci. En 1698, Vauban ajoute une ligne de sept lunettes maçonnées, entourées de contrescarpes maçonnées aussi, et reliées par un chemin couvert à traverses et un glacis. Deux ouvrages sont ajoutés pour flanquer les bastions du front de la Sarre par le sud et le nord. Celui du nord est un retranchement et celui du sud est une redoute isolée dans la Sarre. à cette époque, Saarlouis, qui était la capitale de la province de Sarre, reste française. Elle est désormais isolée en territoire germanique par les cessions du traité de Ryswick de 1697. Les chantiers s’achèvent peu après le décès de Vauban en 1707 et peu avant celui du gouverneur Thomas de Choisy, en 1710, par la construction d’un hôpital militaire dans l’intra-muros de l’ouvrage à corne.

La période prussienne

Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications de Sarrelouis qui reste enclave française jusqu’à la Révolution. De 1790 à 1815, la place de Saarlouis est rebaptisée Sarrelibre. En 1815, le Congrès de Vienne et le second traité de Paris permettent à la Prusse d’en prendre possession. Les Prussiens vont alors rénover la place vieillissante en remplaçant la braye du front de la Sarre par un nouveau front de rempart doté de casemates blindées de blockhaus. La porte de style classique français est remplacée par une autre porte dotée d’un corps de garde blindé. Les bastions perdent leurs orillons. Les lunettes reçoivent des casemates et des postes abrités d’artillerie. L’ensemble de ces modifications est réalisé entre 1824 et 1829. Après cette date, les chantiers portent sur les bâtiments militaires qui sont progressivement remplacés jusqu’en 1869. Les huit casernes sont ainsi reconstruites en casernes à l’épreuve de type prussien et un nouveau palais du gouverneur est édifié près des remparts. Après la Guerre franco-prussienne de 1870-1871 et le recul de la frontière par l’annexion de la Lorraine, l’Empire allemand déclasse progressivement Sarrelouis avant d’ordonner la démolition des fortifications en 1889.

Current state

De l’œuvre de Vauban, il subsiste encore plusieurs éléments défensifs. Le front de la Sarre est encore perceptible, les berges de la Sarre n’ayant pas été modifiées au niveau de la ville. Le bastion VI et des restes du bastion I, ainsi que la base de la braye et la redoute de la Sarre existent toujours. Une caserne et quelques maisons françaises ont également été conservées, tout comme la trame urbaine. L’église originelle a été restaurée après la Seconde Guerre mondiale. De la période prussienne, il subsiste deux casernes reconverties, un laboratoire et les casemates des deux bastions restants.

Saarlouis

Saarlouis
49° 18' 56" N, 6° 45' 1" E

Type
ville neuve
Engineers
Thomas de Choisy, Sébastien le Prestre de Vauban
Région/Province
Land de Sarre
Bibliography
  • BALZER (L.-K.), Saarlouis: Das königliche Sechseck, bau der Festungstadt in der Zeit des Sonnenkönings, Sarrlouis, 2010.
  • BOUCON (J.), Sur les pas de Vauban en Lorraine et au-delà des frontières, Metz, 2007, p. 62-67.
  • DE ROUX (A.), Ville neuve, urbanisme classique, Paris, 1997, p. 25-27.
  • FONTAINE (L.), LOEW (B.), POHL (E.), « Saarlouis Wie es früher war Gudensberg-Gleichen » in Wartberg Verlag, 1999.
  • LOEW (B.), « Saarlouis : die Gründung einer Vauban’schen Festungstadt » in Vauban militaire et économiste sous Louis XIV, t. II : Vauban et Longwy à Louis XIV. Les Guerres de Louis XIV, Luxembourg, 2009, p. 273-310, (actes du colloque de la Commission lorraine d’Histoire militaire des 29 et 30 septembre 2007 à Longwy).
  • LOEW (B.), « Saarlouis : Eine Lebensaufgabe für Thomas de Choisy » in KLAUCK (H.-P.), LOEW (B.) et THEWES (G.), sous la dir. de, Thomas de Choisy : Ingenieur und Festungsgouverneur unter Ludwig XIV, Ingénieur et gouverneur sous Louis XIV, Saarlouis, 2011, vol. 16, p. 147-174, (contribution publiée dans les actes du colloque Thomas de Choisy : Ingenieur und Festungsgouverneur unter Ludwig XIV, Ingénieur et gouverneur sous Louis XIV, organisé à Saarlouis le 30 octobre 2010).
  • MARTIN (P.), La route des fortifications dans l’Est, Paris, 2007, p.142-143.
  • OZIOL (A.), « La ville nouvelle de Vauban : un urbanisme à la gloire de Louis XIV » in Vauban militaire et économiste sous Louis XIV, t. II : Vauban et Longwy à Louis XIV. Les Guerres de Louis XIV, Luxembourg, 2009, p. 217-250, (actes du colloque de la Commission lorraine d’Histoire militaire des 29 et 30 septembre 2007 à Longwy).
Text in english
Text in english
Text in english