Kehl

Kehl avant Vauban

Située originellement sur une île près de la rive droite du Rhin, à environ 1600 mètres de Strasbourg, l’agglomération de Kehl apparait au XIe siècle. En 1333, un premier pont reliant Kehl à Strasbourg est construit mais il faut attendre 1388 pour qu’une liaison permanente se crée entre les deux sites. En 1392, des maisons sont installées sur le pont. L’agglomération de Kehl n’est alors pas fortifiée mais son histoire militaire débute néanmoins à cette époque car elle sert de tête de pont aux armées du Saint-Empire au cours des guerres successives avec la France. C’est en partie à cause de Kehl que Louis XIII, puis Louis XIV vont tout faire pour conquérir Strasbourg, afin de retourner cette tête de pont contre les Princes allemands et le Saint-Empire.

Les interventions de Vauban

Conquise en 1678 par Vauban, Strasbourg est annexée officiellement en 1681 au Royaume de France. Vauban élabore aussitôt d’importants projets d’améliorations de ses fortifications. C’est dans ce contexte que le fort de Kehl est édifié pour constituer un poste avancé de la défense de la ville côté allemand. Le fort ainsi construit est un carré bastionné, à quatre demi-lunes et une porte au sud. Il est entouré d’un glacis et de fossés inondés. Deux ouvrages à corne et une lunette, séparés du fort par un bras du Rhin, le flanquent à l’est, au nord-est et au nord. Il contrôle, avec la citadelle, le gué et les ponts du Rhin vers l’Allemagne. à l’intérieur, les bâtiments sont organisés autour d’une cour carrée : logis du commandant de place, casernes, chapelle et magasins. En 1697, il est cédé au duché de Bade par le traité de Ryswick. Assiégé en 1703 par la France pendant la Guerre de Succession d’Espagne, le fort de Kehl fait l’objet d’un projet inabouti d’amélioration de Vauban la même année. Le plan relief de 1725-28 le représente toujours, car il est inclus dans le périmètre de la portée des canons de la citadelle de Strasbourg et représente la structure défensive adverse la plus proche.

Le fort de Kehl après Vauban

Le XVIIIe siècle ne modifie pas les fortifications désormais badoises malgré les nombreux sièges subis. En 1815, le fort de Kehl est démantelé par application du traité de Paris. Ses vestiges disparaissent définitivement entre 1840 et 1863 pendant les travaux de canalisation et de rectification du Rhin. Les bras du fleuve qui le séparaient du duché de Bade, inclus dans l’Allemagne unie par la Prusse, sont remblayés, changeant totalement la topographie. Ce fait est attesté par le plan relief de 1836, au 1/600e, remis à jour après ces travaux. Plus aucune trace du fort n’y apparaît et les bras fluviaux ont disparu.

État actuel

Il ne subsiste plus rien du fort de Kehl. Pour en reconstituer l’aspect il faut se rapporter au plan relief de Strasbourg de 1725, saisi par les Prussiens en 1815 et rendu à la ville en 1903. Il est visible depuis juillet 2013 au musée historique de Strasbourg.

Kehl

Kehl
48° 34' 20" N, 7° 48' 47" E

Type
fort détaché
Ingénieurs
Sébastien le Prestre de Vauban
Région/Province
Land Bade-Wurtemberg
Bibliographie
  • « Strassburg. Die Geschichte seiner Befestigungen » in Fortifikation. Fachblatt des Studienkreises für Internationales Festungs, Militär und Schutzbauweseser e.V., s.3, Saarbrücken, Interfest, 1998, in 4°.
  • HATT (T.), Comparaison des plans reliefs de 1725-1728 et 1836-1863 à Strasbourg, dans L’aménagement paysager des fortifications bastionnées, Longwy, 2008, (actes de colloque), http://thierry.hatt.gps.free.fr/01-site-acad-tous-pdf/2008-Longwy.htm
  • MARTIN (P.), La route des fortifications dans l’Est, Paris, 2007, p.114-121.
  • STECKNER (C. H.), Die Kelher Festung von 1681 : ein Beitrag zu Vaubans Bestigungtercknik, in Die Ortenau, t. LIX, Offenburg, 1979, p. 56-61.
  • WARMOES (I.), Le Musée des Plans-Reliefs, Paris, 1997, p.43.
Plan du fort de Kehl, 1760, [s.n.], gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France.
Vue aérienne de Kehl, GoogleEarth.
Ville et fortification de Strasbourg avec le fort de Kehl, 1734, plan de Homann (Héritiers de), gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France.